La ministre britannique des Finances Rachel Reeves lors d'une visite à l'usine Rolls Royce à Derby, dans le centre de l'Angleterre, le 15 mai 2025 ( POOL / Darren Staples )
L'activité économiqe britannique a marqué le pas au troisième trimestre, le PIB ne progressant que de 0,1%, ce qui constitue un nouvel accroc pour le gouvernement travailliste à deux semaines de la présentation de son budget, où des hausses d'impôts et des coupes dans les dépenses sont attendues.
Ce chiffre, publié jeudi par l'Office national des statistiques (ONS), fait suite à une croissance inattendue de 0,7% au premier trimestre, puis à un fort ralentissement, à 0,3%, les trois mois suivants.
La faiblesse de la croissance, inférieure aux attentes des analystes interrogés par Bloomberg qui tablaient sur 0,2%, accroît un peu plus la pression sur la ministre des Finances. Rachel Reeves a promis d'équilibrer les comptes publics sans étouffer une économie à la peine et présente son projet de budget le 26 novembre.
Or, une croissance aussi basse limite ses marges de manœuvre, en freinant les recettes fiscales et la capacité à financer les dépenses publiques.
"Cela brosse le tableau d'une économie qui a démarré l'année 2025 en force, mais qui perd aujourd'hui beaucoup de son élan", souligne Lindsay James, analyste chez Quilter, pour qui le budget sera "crucial pour la suite".
- Cyberattaque -
"L'incertitude quant à d'éventuelles hausses d'impôts et les rumeurs persistantes selon lesquelles les employeurs seraient à nouveau visés (...) risquent d'étouffer la fragile confiance des entreprises et de faire grimper le chômage", estime-t-elle.
La presse britannique spécule aussi depuis des semaines sur une possible hausse de l'impôt sur le revenu, qui viendrait compromettre une promesse des travaillistes avant leur retour au pouvoir en juillet 2024.
La Banque d'Angleterre (BoE) dans le centre de Londres. Photo prise le 6 novembre 2025 ( AFP / Niklas HALLE'N )
Mme Reeves a longtemps balayé l'hypothèse, avant d'évoluer peu à peu dans sa rhétorique, jusqu'à expliquer que sans cette hausse, des "coupes profondes" dans les investissements publics seront nécessaires, hypothéquant les espoirs de croissance à long terme.
Elle a promis jeudi dans un communiqué, en réaction à ces chiffres, qu'elle prendrait "les décisions équitables qui s'imposent pour bâtir une économie forte".
"S'assurer que le prochain budget soutienne la croissance plutôt qu'elle ne l'entrave (...) n'est pas une mince affaire compte tenu de l'ampleur de l'assainissement budgétaire attendu", souligne cependant James Smith, du think tank Resolution Foundation.
Le PIB britannique s'est même contracté de 0,1% en septembre, affecté par la violente cyberattaque qui a contraint le constructeur Jaguar Land Rover à arrêter sa production pendant un mois, au détriment aussi de sa chaîne de production.
- Pressions de l'extrême droite -
Outre cette croissance stagnante, le gouvernement doit composer avec une inflation élevée, à 3,8% sur un an en septembre, et un chômage au plus haut depuis la pandémie, avec un taux de 5% au troisième trimestre.
Il subit aussi toujours l'effet des droits de douane américains, en dépit d'un accord avec Washington les limitant à 10% présenté comme une victoire par le gouvernement: les exportations de biens vers les Etats-Unis ont chuté en septembre, tombant à leur plus faible niveau depuis janvier 2022.
Un client dans un supermarché à Aylesbury, le 15 août 2023 au Royaume-Uni ( AFP / JUSTIN TALLIS )
La présentation du nouveau budget constitue donc une échéance décisive pour l'équipe du Premier ministre Keir Starmer, au plus bas dans les sondages et contesté jusque dans son camp, au moment où le parti d'extrême droite Reform UK caracole en tête des intentions de vote.
Un recul sur une promesse de campagne aussi symbolique que l'impôt sur le revenu viendrait encore obscurcir l'horizon politique des travaillistes, qui ont déjà pâti des fortes hausses de cotisations patronales et des nombreuses coupes budgétaires annoncées l'an passé.
Le gouvernement devrait dès lors tenter de compenser ces mauvaises nouvelles budgétaires par des annonces sociales comme la levée du plafond des allocations familiales, actuellement limitées à deux enfants, ou une baisse de la TVA sur les prix de l'énergie.

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